BANDOU KAKA, MAIRE DE DANKASSARI
“Nous sommes prêts à accompagner AfricTivistes pour une mise à l’échelle du programme au plan national”
Le 22 juin 2022, la mission d’évaluation du projet Local Open GovLab (LOG) s’est entretenue avec le Maire de Dankassari, Bandou Kaka, sur les opportunités de LOG, les contraintes rencontrées dans sa mise en œuvre et sa pérennisation dans la région. L’édile a d’ailleurs exprimé sa volonté de participer à la mise à l’échelle du programme au niveau national.

Etes-vous satisfait de l’impact du programme LOG dans votre mairie et communauté?
Nous sommes entièrement satisfaits du programme. Déjà, étant nouvellement élu, le séminaire de lancement du LOG à Dakar m’a permis d’en connaître davantage sur la gouvernance ouverte par le biais du numérique. Avec tous les maires présents, nous avions pris l’engagement de nous rapprocher de la population et d’être plus transparents dans nos activités. L’arrivée de la volontaire AfricTivistes pour la Gouvernance Ouverte (VAGOA) nous a beaucoup réconfortés en ce qui concerne notamment la visibilité de nos actions sur les plateformes digitales (Facebook et Twitter). En participant aux réunions du conseil communal, elle a aussi aidé à enclencher une nouvelle dynamique de gestion.
Quels changements visibles avez-vous remarqué depuis le début de la mise en œuvre du programme?
Le changement visible est la mise à disposition de l’information et l’accès à cette information. Ce qui crée un équilibre entre le pouvoir public et la population. Cela permet à ceux qui ne sont pas dans la commune d’être au courant de toutes les activités que nous menons. Une fois que les populations sont informées, une partie du problème est réglée car l’accès à l’information est la clé.
Quelle est votre appréciation du travail de la volontaire Fatima Ndiour à distance et pendant son séjour?
Pendant son séjour, la VAGOA a beaucoup travaillé et nous a vraiment aidé surtout en ce qui concerne l’utilisation de l’internet et de l’outil informatique. À son arrivée, beaucoup d’entre nous ne maîtrisaient pas internet. La population était aussi émerveillé par l’arrivée d’une jeune femme étrangère venue spécialement pour nous aider à intégrer le numérique dans notre système de gouvernance. Et ses rapports avec nous étaient corrects. Nous étions comme une famille. Mlle Fatima Ndiour s’est très vite adaptée et elle est devenue très vite citoyenne à part de notre commune.

Il y a eu beaucoup d’aspects positifs mais la volontaire a remonté pas mal de difficultés l’ayant contraint en partie à réaliser ses actions et activités. Parmi ces problèmes, le non accès aux documents administratifs de base, la non-implication du personnel ou du maire dans les activités, entre autres. Quelles sont les raisons de ce déphasage selon vous ?
Pour les documents administratifs, c’était difficile parce que mon staff et moi étions à peine installés. Je venais de prendre fonction en tant que maire et certaines personnes avaient des réserves à nous fournir des informations. Nous étions une nouvelle équipe et venions de partis politiques différents. Et il y avait de la méfiance entre nous.
Il y avait aussi de la méfiance des agents envers la volontaire AfricTivistes puisqu’ils ne comprenaient pas qu’une étrangère vienne leur poser des questions sur leur travail. Mais avant son départ, les gens ont fini par comprendre.
L’électricité pose un problème car la commune n’est pas reliée par une haute tension de la NIGELEC. Elle fonctionne avec un groupe électrogène de 12h à 00h. C’est ce qui pose vraiment problème à la commune.
La mauvaise qualité de l’internet est causée par la distance de la commune avec la grande ville. On a pas de WIFI; nous travaillons avec les réseaux mobiles. Mais ces derniers mois il y a une certaine amélioration.
Parmi les contraintes évoquées par la volontaire lors de sa mission, il y a le manque de matériel informatique pour faciliter l’introduction du numérique au sein de la collectivité. Quels sont vos besoins réels par rapport à ce point ?
A l’arrivée de la Volontaire AfricTivistes, c’était vraiment difficile. Seulement l’état civil et le secrétariat étaient équipés d’ordinateurs. Mais après son départ, nous avons eu un financement d’un projet à travers lequel nous avons acquis deux appareils et un autre partenaire nous a fait un don de trois ordinateurs. Mais jusqu’à présent, le besoin existe car certains services techniques comme l’agriculture, l’élevage et l’environnement ne disposent toujours pas d’ordinateurs. Ce sont des agents qui viennent avec leurs ordinateurs personnels. Une fois affectés, ils repartent avec leurs ordinateurs et peut-être même avec les données. Il faut vraiment que les services disposent d’équipements informatiques pour pouvoir enregistrer les données.
Si vous avez un appel à lancer à des partenaires qui travaillent dans ce secteur, quel est l’appel que vous allez faire par rapport à ce point précis?
Le cri de cœur c’est de vraiment nous doter d’appareils, d’outils informatiques comme les ordinateurs et d’un câble WIFI pour améliorer et diffuser notre travail.

Depuis la fin de sa mission, quelle action concrète avez-vous posées dans le sens de la continuité de la gouvernance ouverte par le biais du numérique?
Après son départ, la commune à organisé un forum qui a regroupé tous les ressortissants de la commune qui sont dans les autres régions du pays: les représentants de la communauté au niveau local tels que les chefs des villages; les leaders d’opinions; les autorités politiques; des ministres; des préfets et certains députés. Au cours du forum, il y a eu un diagnostic de toutes les activités menées dans la commune par le maire et les différents services techniques. Des propositions ont été également faites pour le développement de la localité. Et le lendemain, il y a eu une rencontre avec tous les partenaires de la commune, ONG et projets intervenant dans la commune.
Quels sont les aspects de la convention signée à Dakar que vous peinez à mettre en œuvre par rapport à votre politique de gouvernance locale ouverte ? Et pourquoi?
Sur tous les points, nous avons des difficultés. Parce qu’après le départ précipité de la volontaire, on a eu des difficultés car elle était notre guide dans certaines situations. On a un peu lâcher prise aussi. C’est seulement sur le plan de la communication que nous intervenons. Et on est un peu désorienté actuellement avec le départ de la VAGOA.
Avez-vous gardé le contact avec les autres maires depuis le séminaire de lancement?
Oui j’ ai gardé contact avec les maires. Surtout avec les maires de Labé et Kouroussa. Mais après le coup d’Etat, je n’ai plus de leurs nouvelles. J’ai gardé contact avec le maire de Rufisque à Dakar et son conseiller.
Est ce qu’il y a un intérêt manifesté par vos pairs autour de ce qui se fait dans votre collectivité?
Oui. Vu que ce sont seulement les mairies de Matankari et de Dankassari qui ont été sélectionnées pour aller à Dakar et qui ont bénéficié de l’apport des volontaires pendant des mois dans leur commune; il était normal que nos pairs s’interrogent sur cette opportunité. Au cours de la présentation des deux volontaires chez l’ancien préfet, nos autres collègues maires ont évidemment manifesté leur intérêt pour ce programme.
Avez-vous discuté de ce programme avec les autorités gouvernementales? Sinon, envisagez-vous de le faire?
Oui. Vu que ce sont seulement les mairies de Matankari et de Dankassari qui ont été sélectionnées pour aller à Dakar et qui ont bénéficié de l’apport des volontaires pendant des mois dans leur commune; il était normal que nos pairs s’interrogent sur cette opportunité. Au cours de la présentation des deux volontaires chez l’ancien préfet, nos autres collègues maires ont évidemment manifesté leur intérêt pour ce programme.Oui, lorsqu’il y a des visites, on profite de la présence de la volontaire pour expliquer pourquoi elle est à Dankassari et discuter du programme avec les autorités gouvernementales.
Seriez-vous prêt à accompagner AfricTivistes pour une mise à l’échelle du projet à un niveau national si le gouvernement est impliqué?
Nous sommes prêts à accompagner AfricTivistes pour une mise à l’échelle du programme au plan national. Cela est en nette adéquation avec la nouvelle politique gouvernementale qui pousse les collectivités à l’élaboration d’un budget participatif. Ce qui est déjà un atout. Quand nous avons des difficultés dans le recouvrement de certaines taxes c’est parce qu’à un certain moment les autorités ne vont pas vers les populations pour les informer. Les activistes peuvent aider en ce sens en dialoguant directement et essayer de convaincre les usagers sur l’utilité et l’opportunité de ces mécanismes.
Dernier mot à l’endroit d’AfricTivistes et de la jeunesse?
Il faut que la jeunesse africaine se mobilise. Au Niger, la jeunesse constitue plus de soixante pour cent de la population et quand elle se mobilise, celle-ci devient le fer de lance du développement du pays. Il faut partir à la rencontre des populations pour les sensibiliser sur les enjeux liés au développement. Et c’est à la jeunesse consciente de faire ce travail pour l’intérêt de nos populations.